Depuis plus de 80 jours maintenant, les cheminot-e-s sont en lutte pour défendre le service public ferroviaire et défendre l’intérêt général. Nous sommes face à un conflit historique, un conflit majeur qui marquera des générations de militant-e-s, de citoyens et d’usagers.
Après plus de 30 jours de grève, malgré le mépris et les provocations conjoints du gouvernement et de la direction de l’entreprise, les cheminot-e-s sont toujours dans l’action. Ils sont mobilisés et déterminés.
À l’échelle du département les cheminot-e-s du Tarn-et-Garonne ont clairement exprimé leur opposition à la réforme du ferroviaire. Dans le cadre du vot’action, 136 cheminot-e-s se sont exprimés. Le résultat est sans appel : 134 votes, soit 99% des suffrages.
Au regard des conséquences dramatiques que va provoquer cette réforme à l’échelle de notre département, comme au niveau national, nous avons interpellé à plusieurs reprises la députée Sylvia Pinel concernant son abstention lors du vote de la réforme du ferroviaire ! À ce jour nous n’avons aucune réponse ! Ce silence est inacceptable !
Depuis maintenant 10 ans, le département du Tarn-et-Garonne est un laboratoire où les fossoyeurs du rail expérimentent leurs solutions libérales ! Les conséquences, aussi bien pour les cheminots que pour les usagers, sont dramatiques !
Concernant le transport de voyageurs, il ne reste qu’une gare ouverte au service de la circulation : Montauban. Partout les horaires des guichets sont réduits, comme nous venons de le vivre à Montauban, avec une présence humaine en gare et sur les quais qui se raréfient ! Pour rappel, nous avions déjà mené la bataille en 2016 contre la fermeture de la gare de Castelsarrasin. Et que dire des arrêts de proximité ? L’an dernier la direction de la SNCF a supprimé de manière unilatérale les dessertes TER en gare de Malause, Pommevic et Golfech !
Dans le même temps, alors que les enjeux écologiques et environnementaux sont d’une urgence absolue, la réforme du ferroviaire, que nous combattons, acte la filialisation du fret, donc de sa mise à mort.
Ici, à Castelsarrasin, nous connaissons les conséquences d’une telle décision. Elles sont mortifères. En effet la ligne Beaumont de Lomagne – Castelsarrasin, confiée au privé après avoir été entièrement rénovée, par la SNCF (on parle de plusieurs millions d’euros), est aujourd’hui dans une situation catastrophique, tant sur son utilisation que son entretien. En moins d’un an, de nombreux incidents graves de sécurité ont été relevés. Par exemple, des passages à niveaux sont restés à plusieurs reprises en dérangement, entre 4 et 6 jours, sans que personne n’intervienne !
Dans un département rural, où le taux de pauvreté est l’un des plus important d’Occitanie, où les services publics de proximité ferment les uns après les autres, le service public ferroviaire est le dernier rempart contre les inégalités sociales.
Si demain la réforme du ferroviaire est mise en place, nous verrons les lignes fermer les unes après les autres ! Il faut savoir que dans notre région 50% des lignes sont directement menacées de fermeture ! En effet rien n’est réglé sur l’avenir des « petites lignes », terme au demeurant inacceptable au regard de leur utilité sociale et écologique, contrairement aux affirmations d’Edouard Philippe. Aucune solution de financement n’est apportée et nous savons bien que les régions, au regard de la réduction des dotations budgétaires, n’auront pas les moyens de les financer. Et ce n’est pas leur rôle ! La question du réseau, avec son financement, doit être intégrée dans le cadre d’une politique nationale de développement du service public ferroviaire.
La réalité c’est que, demain, notre département va devenir un véritable désert ferroviaire, ce qui aura des conséquences dramatiques pour les usagers et la population du Tarn-et-Garonne. Non les habitants de ce département ne sont pas des citoyens de seconde zone, condamnés à regarder passer les trains et prendre le bus voire rien du tout ! Ils ont droit à l’accès au train ! Nous devons penser complémentarité des modes de transport et non rechercher la rentabilité à tout prix.
Alors que les enjeux de mobilité sont énormes, que la question écologique est centrale, nous avons besoin d’un grand service public ferroviaire. Un service public ferroviaire qui nécessite des investissements massifs, aussi bien humains que matériels, permettant de rendre une qualité de service capable de répondre aux besoins des cheminots, des usagers et des territoires.
La CGT-Cheminot de Montauban réaffirme son opposition totale à une réforme dogmatique et technocratique, faite sans aucune prise en compte des propositions des seuls experts du rail que sont les cheminot-e-s.
Ouvrir à la concurrence, casser le statut des cheminots et privatiser le rail n’apportera aucune plus- value pour les usagers comme pour les cheminots. Pire, en plus de satisfaire les intérêts voraces des financiers, cela se traduira pas une hausse des prix, une remise en cause de la sécurité et une baisse du service rendu aux usagers.
En plus de deux mois de débat parlementaire, jamais le gouvernement n’a pu expliquer en quoi cette réforme améliorait le service. Mise à part des postures et des contre-vérités, aucun argument légitime n’a pu être mis sur la table ! Faite sur un coin de bureau, par des technocrates ne connaissant rien au chemin de fer, cette réforme est guidée par une logique purement libérale, inspirée directement de la réforme du rail mise en place en Angleterre par Margaret Thatcher.
Les cheminot-e-s sont pleinement mobilisés pour stopper le désastre qui s’annonce. Le combat que nous menons est un combat d’intérêt général, qui dépasse largement le cadre de nos conditions de travail, mais répond à la préoccupation de savoir dans quelle société nous voulons vivre. C’est un combat à même de rassembler usagers, citoyens et cheminots. Ensembles, déterminés et mobilisés, nous avons les moyens de faire plier ce gouvernement.
Aussi, afin de dénoncer les dangers de cette réforme, de réaffirmer notre opposition au pacte ferroviaire, et d’exiger des réponses concrètes à l’échelle de notre territoire, nous avons décidé d’organiser un grand rassemblement devant la gare de Castelsarrasin, le vendredi 22 juin 2018, à partir de 9h00, pour une grande journée de défense du service public ferroviaire !
Nous vous invitions à participer à cette journée de mobilisation pour défendre le service public ferroviaire.