UD CGT 82

Retraites : argumentaire, données statistiques….

 

L’ARGUMENT DE L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE A VENIR ET LA RETRAITE.

En réponse à Macron qui a recité l’allongement de l’espérance de vie dans ses vœux pour justifier le recul sur les retraites.

Historiquement,

On a toujours su depuis un demi siècle, réduire considérablement la durée du travail et en même temps prendre en charge de plus en plus de retraités.

Alors qu’il y a eu la quatrième, puis la cinquième semaine de congés payés, les 35 heures, la retraite à 60 ans, notre système a su absorber le double de retraités , sans difficulté.

C’est en réalité l’évolution des richesses crées et sa répartition qu’il faut principalement regarder. Cette richesse a été multipliée par 3,5 en 50 ans.

Prétendre qu’il faudrait travailler plus longtemps ?

il y a des millions de chômeurs qui réclament du boulot et on leur refuse. En moyenne, c’est à 29 ans seulement qu’un jeune arrive à trouver un emploi stable. Le temps partiel imposé progresse et avec autant de perte de cotisations et aussi  de perte de droits pour la retraite.

En réalité, aujourd’hui déjà, la moitié de ceux qui arrivent à l’âge théorique de leur retraite, ne sont plus en activité. Ils sont au chômage , en longue maladie, en invalidité.

En France, l’espérance de vie sans incapacité pour un ouvrier est en moyenne de 59 ans.

Les patrons veulent ils des « séniors » dans les entreprises ?

La première chose que font les patrons lorsqu’ils suppriment des emplois, c’est de viser ceux qui sont proches de la soixantaine, parce qu’ils sont potentiellement trop souvent malades et ne s’adaptent pas suffisamment aux nouvelles exigences. Les séniors qui sont au chômage le sont beaucoup plus longtemps que les autres, du fait des refus d’embauches.

Selon le propre rapport gouvernemental du 7 janvier 2020, le taux d’activité à temps plein de la population totale  était de 61% à 55 ans, 33% à 60 ans, 17% à 62 ans.

Pour ce qui est de la démographie à venir

Le gouvernement et le patronat se permettent d’instrumentaliser  L’étude parue le 3 novembre 2016 (N°1619, INSEE première) qui  base ses calculs à partir de 3 critères, à savoir la fécondité, Le solde migratoire, l’espérance de vie.

Aucun avertissement pour le lecteur en ce qui concerne ce que sont pourtant les facteurs essentiels des évolutions démographiques, à savoir l’importance des choix politiques dans les conditions de vie et de travail, de protection sociale,  des conflits éventuels et des aspects environnementaux. Bref, trop de marges d’erreurs pour avoir une hypothèse de travail un peu sérieuse.

Si on observe seulement l’évolution de l’espérance de vie,

De 2014 à 2021, l’espérance de vie ne progresse plus. Alors que de 1950 à 2014, elle avait progressé régulièrement et considérablement

Sur ses huit dernières années, l’espérance de vie est stable à la naissance, autour de 79,3 ans pour les hommes et de 85,4 ans pour les femmes. À compter de 65 ans, elle est stable à 84,3 ans pour les hommes et 88,3 ans pour les femmes. Et que l’on ne dise pas que c’est à cause du Covid puisque le palier existe déjà entre 2014 et 2019.

Or, le chiffre retenu par le Conseil d’Orientation des Retraites est une bonification de 1,6 mois chaque année , soit 7 ans de bonification sur 50 ans.

Problème : Ces estimations  sont déjà fausses entre 2014 et aujourd’hui !

Les statisticiens de l’INSEE prévoient aussi une évolution  du produit intérieur brut dans les prochaines décennies, bien supérieure à l’évolution du nombre de retraités. Voilà une information qui reste confidentielle.

DONNEES STATISTIQUES SUR LES RETRAITES au 6 janvier 2023.

 

60, puis 62, bientôt 64 ans, voire 67 ans dans dix ans… De réforme en réforme, l’âge légal de départ à la retraite et l’âge effectif auquel les salariés cessent leur activité reculent. Quelles sont les conditions d’accès au régime général à ce jour, combien de retraités en bénéficient et pour quelles pensions ?

 

conditions du rÉGIME général. Ministère.

ANNÉES DE NAISSANCE 1950 1951 1952 1953 1954 1955 – 1957 1958 – 1960 1961 – 1963 1964 – 1966 1967 – 1969 1970 – 1972 1973 –
AGE LEGAL 60

 

60 et 4 mois

 

60 et 9 mois

 

61 et 2 mois 61 et 7 mois

 

62 ans 62 ans

 

62 ans 62 ans 62 ans 62 ans 62 ans
TRIMESTRE REQUIS  

162

 

163

 

164

 

165

 

165

 

166

 

167

 

168

 

169

 

170

 

171

172 soit 43 ans

 

 

LE RÉGIME GENERAL CNAV. Drees et CNAV.

ANNÉES 2004 2005 2007 2010 2012 2015 2017 2019
RETRAITES MILLIERS 10440

 

10750

 

11500

 

12550

 

13015

 

13580

 

13842

 

14204

 

ACTIFS MILLIERS 16550 16640 17150 18060 18021 18026 18724 19429
PENSION MOYENNE MENSUELLE EUROS COURANTS  

 

 

 

544

 

 

573

 

 

609

 

 

641

 

 

663

 

 

680

 

 

694

 

Le gouvernement dit adapter l’âge de départ à la retraite à l’augmentation de l’espérance de vie moyenne.

 

Mais il n’y a rien de plus inégalitaire que cet indicateur, car l’espérance de vie dépend fortement des conditions de vie, de travail et de revenus. Allonger la durée de cotisation, reculer encore l’âge de la retraite, c’est clairement priver du droit à la retraite en bonne santé les salariés les plus modestes, ceux qui sont les plus exposés dans leur carrière.

 

EVOLUTION ESPERANCE DE VIE ET ESPERANCE DE VIE SANS INCAPACITE A LA NAISSANCE. Drees et Insee.

ANNÉES 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
FEMMES              
SANS INCAPACITE 64.1 64.4 64.1 64.9 64.5 64.6 65.9
DE VIE 85.4 85.1 85.3 85.3 85.4 85.6 85.1
HOMMES              
SANS INCAPACITE 63.3 62.6 62.7 62.6 63.4 63.7 64.4
DE VIE 79.2 79 79.3 79.4 79.5 79.7 79.1

 

On assiste à une stagnation globale de l’espérance de vie depuis 2014 or le chiffre retenu par le gouvernement dans ses perspectives est une bonification de 1,6 mois chaque année. Ces moyennes pour la population générale ne nous disent rien du sort des plus exploités, dans le BTP, les travailleurs de nuit, les précaires, ….

Il n’existe plus de statistiques accessibles de comparaison récente sur l’évolution dans le temps de l’espérance de vie par catégorie sociale. Les données les plus proches datent de 2013 et indiquent un écart de de 6,4 ans entre un homme cadre et un ouvrier.

On peut seulement lire dans plusieurs documents récents que les inégalités sociales d’espérance de vie s’accroissent. Entre les 5% de la population la plus « aisée » et les 5% de la population la plus pauvre, l’écart d’espérance de vie est de 13 ans.

 

 

 

EVOLUTION ESPERANCE DE VIE A 35 ANS SELON LES CATEGORIES SOCIALES. Insee et Ined.

  FEMMES 1984 FEMMES 2013 HOMMES 1984 HOMMES 2013     FEMMES 2003 HOMMES 2003
            SANS INCAPACITE    
CADRES 47.5 53 41.7 49     35.4 34
PROF INTERMEDIAIRES 46.4 51.9 40.5 46.7     32.1 30.8
AGRICULTEURS 45.7 51.1 40.3 46.2     29.4 29
ARTISANS, COMMERCANTS 46 51.4 39.6 46     31.7 30.1
EMPLOYES 45.6 51.1 37.2 44.9     28.9 28.4
OUVRIERS 44.4 49.8 35.7 42.6     26.8 24.4
SANS EMPLOI 44.3 47.6 27.7 33.1     25.5 10.5
                 
ECART CADRES – OUVRIERS 3.1 3.2 6 6.4     8.6 9.6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis un demi-siècle, notre société a eu la capacité de réduire la durée du travail et dans le même temps de prendre en charge de plus en plus de retraités. Alors qu’il y a eu la quatrième, puis la cinquième semaine de congés payés, les 35 heures, la retraite à 60 ans, notre système a su absorber le double de retraités, sans difficulté.                                                                                                                                          C’est en réalité l’évolution des richesses créées et sa répartition qu’il faut principalement regarder. Cette richesse a été multipliée par 3 en 50 ans.

produit INTÉRIEUR brut (PIB) France EN EUROS qui REPRÉSENTE le résultat final de l’activité de production. Insee.

ANNÉES 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2019 2020 2021
VALEUR EN MILLIARDS corrigée de l’inflation  

452

 

789

 

1127

 

1440

 

1806

 

1998

 

2332

 

2150

 

2297

Les statisticiens de l’INSEE prévoient aussi une évolution du produit intérieur brut dans les prochaines décennies, bien supérieure à l’évolution du nombre de retraités. Voilà une information qui reste confidentielle.

Quant aux aides publiques aux entreprises privées, elles ont augmenté trois fois plus vite que les aides sociales. En 2018, les aides aux entreprises représentaient l’équivalent de 5,6 % du PIB, en augmentation de 215 % sur un tout petit peu plus de 10 ans, soit une croissance annuelle moyenne de 7,2 % par an.

AIDES PUBLIQUES AUX ENTREPRISES PRIVEES. IGF, IGAS et IGA.

ANNÉES     1980 2007 2013 2017 2019    
VALEUR EN MILLIARDS  

 

 

 

 

10

 

65

 

110

 

140

 

157

 

 

 

 

 

Évolution EN % de la structure des recettes finançant la protection sociale. HCFIPS.

ANNÉES 1981   1991   2001   2010   2019
COTISATIONS PATRONALES 56   52   46  

 

43

 

  39

 

COTISATIONS SALARIES 26   30   19   19   17
IMPOTS DONT TVA 1   3   8   11   16
CSG 0   3   17   19   20
TRANSFERTS 1   2   1   1   1
CONTRIBUTIONS PUBLIQUES 10   6   5   3   3
AUTRES RECETTES 6   4   4   4   4

La participation des employeurs au financement de la Sécurité sociale diminue. Sous l’effet du CICE, du pacte de responsabilité et de la baisse de l’impôt sur les sociétés, la contribution des entreprises a diminué, tandis que les prélèvements sur les ménages ont continué à s’accroître. Les hausses de la TVA, de la fiscalité locale, de la fiscalité écologique, de la contribution au service de l’électricité et des cotisations sociales salariées ont augmenté l’effort contributif des ménages de plus d’un point de PIB.

L’augmentation des aides publiques aux entreprises ne s’est donc pas accompagnée d’une hausse proportionnelle de leur contribution aux finances publiques par la fiscalité – c’est exactement le contraire qui s’est produit. La tendance se retrouve à l’identique du côté du financement de la Sécurité sociale. Selon le dernier rapport d’évaluation des politiques de sécurité sociale publié en 2022, la participation des employeurs privés au financement de la Sécurité sociale n’a cessé de diminuer au point de devenir minoritaire : alors qu’en 1991, leur part était de 52 %, elle est tombée à 39 % en 2019.

Les transformations du financement de la sécurité sociale s’apprécient également en regardant les assiettes économiques : alors que 95% du financement était assis sur les revenus d’activité en 1985, cette part est désormais de 74%. Le financement repose désormais plus sur des prélèvements assis : – sur les revenus de remplacement (8% en 2019, contre 4% en 2000 et 5% en 2009) ; – sur les revenus du capital (4% en 2019, contre 0,8% en 1985) ; ces prélèvements représentaient déjà 4% des recettes en 1999 ou en 2008, et leur part est passée de 3,3% en 2009 à 5,4% en 2016, avant de diminuer progressivement, suite au transfert des prélèvements sociaux sur les revenus du capital au budget de l’État en contrepartie d’une fraction de TVA) ; – et surtout, sur la consommation (14% en 2019 contre 4% en 1985) ; désormais, les ménages sont les premiers financeurs d’une sécurité sociale dont le budget est de plus en plus grevé par la généralisation des exonérations de cotisations pour les patrons.

TAUX D’EMPLOI EN %. Insee.

ANNÉES 1985 1995 2000 2005 2010 2017 2020
FEMMES 55-59 ANS 36.1

 

42.1

 

42.0

 

51.2

 

56.9

 

69.1

 

70.2

 

FEMMES 60-64 ANS 15 10.4 10.1 13 16.7 29.9 32.5
HOMMES 55-59 ANS 59.3

 

57.6 56.1 59.1 64.3 74.8 76.6
HOMMES 60-64 ANS 25.1 11.2 10.9 15 19.4 28.9 33.7
ENSEMBLE A 60 ANS             48
ENSEMBLE A 62 ANS             26

 

Il y a des millions de privés d’emploi à qui on refuse du boulot. En moyenne, c’est à 27 ans seulement qu’un jeune arrive à trouver un emploi stable, c’est la perspective de devoir travailler jusqu’à 70 ans qui s’annonce, si on ne reconnaît pas les années d’études dans le calcul de la retraite. Le temps partiel imposé progresse et avec autant de perte de cotisations et aussi de perte de droits pour la retraite.

En réalité, aujourd’hui déjà, la moitié de ceux qui arrivent à l’âge théorique de leur retraite, ne sont plus en activité. Ils sont au chômage, en longue maladie, en invalidité.

La première chose que font les patrons lorsqu’ils suppriment des emplois, c’est de viser ceux qui sont proches de la soixantaine, parce qu’ils sont potentiellement trop souvent malades, ne s’adaptent pas suffisamment aux nouvelles exigences et sont généralement davantage payés. Les séniors qui sont au chômage le sont beaucoup plus longtemps que les autres, du fait des refus d’embauches.

Pendant ce temps, les années se suivent et se ressemblent. Chaque printemps, lors de la saison des assemblées générales d’actionnaires, la presse fait ses gros titres sur les milliards d’euros de dividendes versés par le CAC40. Même si les résultats et le chiffre d’affaires des entreprises baissent, et même en cas de pertes, le dividende poursuit son avancée inexorable.

DIVIDENDES et RACHATS D’ACTIONS VERSES AUX ACTIONNAIRES PAR LES ENTREPRISES DU CAC 40. Oxfam.

ANNÉES 2003 2005 2007 2010 2012 2015 2017 2019 2021
VALEUR EN MILLIARDS  

23

 

27

 

39

 

37

 

41

 

43

 

51

 

60.2

 

69.4

 

Ces données démontrent une gestion entièrement tournée vers la satisfaction des intérêts d’un petit nombre mais aussi des pouvoirs publics et des politiques publiques défaillants, des aides publiques sans contreparties, l’emploi réduit à une variable d’ajustement… C’est dire le changement radical que la CGT porte est urgent, et combien nous avons à gagner à insister sur nos revendications.

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