Le conflit des personnels du service d’aide à la personne du secteur de Vic géré par le SSIAD/ADMR 32 a trouvé une issue mardi soir après plus de 10 jours de grève marqués notamment par la démission en bloc du conseil d’administration du SSIAD. La reprise en main de la gestion des négociations par l’ADMR32 et sa présidente a sans doute joué un rôle favorable à cette issue.. qui voit la «victoire des personnels en grève», ainsi que le souligne la CGT dans un communiqué. Les points d’accord sont : «la levée de trois sanctions disciplinaires ; le paiement des déplacements ans périmètre particulier avec effet rétroactif de remboursements depuis le 1er janvier 2016 ; prime de 350 €; l’embauche d’un CDI à temps plein au secrétariat dès le 1er juillet ; le paiement de 90 % du salaire à date fixe (les 10 % seront ajustés en fonction des frais supplémentaires) ; la remise de feuilles de travail permettant un contrôle tous les mois et une régularisation depuis début 2018 (pour l’ensemble du personnel et pas seulement celui du SSIAD) ; l’achat de 3 véhicules de service supplémentaires ; paiement des jours de grève…» Enfin, plusieurs autres points d’organisation feront l’objet d’un suivi .
Après 12 jours de grève, le personnel l’ADMR du Gers obtiennent l’embauche d’une secrétaire, une prime annuelle et des véhicules supplémentaires.
Cela faisait douze jours que le personnel de l’association de service d’aide à domicile en milieu rural (ADMR) était en grève dans le Gers. Aujourd’hui, les soignantes ont obtenu gain de cause et l’embauche d’une secrétaire en CDI, ainsi qu’une prime de 350 euros annuels. Les employées de l’association ont également imposé l’achat de trois véhicules supplémentaires. La direction ne retiendra pas les heures de grève.
UNE LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ DE L’EMPLOI
950 euros brut par mois avec des contrats à temps partiels pour la plupart. C’est ce que gagnaient jusqu’à présent les aides soignantes de Vic-Fezensac et d’Eauze dans le Gers. Aucune revalorisation salariale depuis 10 ans. 35 centimes d’indemnités kilométriques pour 70 kilomètres parcourus par jour chacune en moyenne avec 5 voitures à se partager entre 18 employées. Voilà pourquoi les salariées d’ADMR se sont mises en grève le 22 juin. Soutenues par la CGT, elles réclamaient des négociations salariales pour faire valoir leurs revendications. Les aides soignantes revendiquaient une rémunération équivalente à leur qualification, que ce soit par le biais d’une revalorisation salariale ou de primes. « On a l’impression d’être méprisées, nos salaires ne valorisent pas du tout le travail que l’on produit et les qualifications qu’il nécessite » résumait Marie Pierre Gay, déléguée du personnel de la CGT à l’ADMR. L’augmentation des indemnités kilométriques faisait aussi partie de leurs revendications, étant donné la nécessité de mobilité qu’exige leur emploi.
UNE SITUATION BLOQUÉE PAR LE SILENCE DE LA DIRECTION
Après des tentatives de discussions, le conflit s’est très vite retrouvé dans une impasse, face à l’hermétisme des dirigeants de l’association vis-à vis des négociations. « Le problème, c’est que la direction n’a pas conscience d’être à la tête d’une entreprise et de leurs responsabilités d’employeurs » dénonce Eric Cantarutti, secrétaire de l’Union Départementale du Gers de la CGT. Pour trouver des solutions, les 18 employées ont multiplié les rendez-vous. Ce lundi, ce fut au tour de la député Nouvelle Gauche, Gisèle Biemouret et un représentant de la préfecture du Gers de les rencontrer. Cela a permis d’avancer le conseil d’administration de l’entreprise et de relancer les négociations dès aujourd’hui. Ainsi, malgré la volonté de dialogue affichée, les employés se sont trop longtemps heurtés au silence de la direction quant à la redistribution des bénéfices au sein de l’association de services. « On nous répond « c’est cela oui » lorsqu’on demande une augmentation de salaire » expliquait Eric Cantarutti. Et avec des aides à domicile isolées, le rapport de force est difficile à construire.
AIDE SOIGNANT, UN STATUT EN CRISE
La faiblesse de l’intervention publique pour la prise en charge des dépenses liées au vieillissement, le nombre insuffisant de structures d’accueil, le montant excessif du reste à charge supporté par les familles, et l’épuisement minent la situation des aides-soignantes et des aides-à-domicile. « Nous, nous aimerions être rattachées au service public et l’idée d’une prise en charge collective des dépenses dans le cadre de la sécurité sociale est une idée d’avenir » affirme Marie-Pierre Gay. En 2050, il y aura plus de 5 millions de personnes de plus de 85 ans. L’encadrement de la perte d’autonomie, est estimé à 30 milliards d’euros. Ce chiffre pourrait doubler d’ici trente ans. Il en va de la responsabilité des pouvoirs publics d’aider et de développer le secteur de l’encadrement des personnes âgées. Pourtant jusqu’à présent, les responsables politiques ont choisi de repousser le problème. Sous le mandat de Nicolas Sarkozy une grande loi sur la dépendance, avait été annoncée mais n’a jamais vu le jour. Pendant celui de François Hollande, une loi sur l’autonomie qui devait englober le handicap, la dépendance et l’invalidité s’est réduite à la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement (loi ASV).
On peut tout de même trouver une étincelle d’espoir depuis mars 2017, où un colloque impulsé par le sénateur communiste Dominique Watrin a réuni représentants des retraités, des salariés et des employeurs dans l’enceinte du Sénat. Le but était de trouver des solutions afin de sauver un système à la dérive. L’élu avait proposé d’augmenter les rémunérations pour les associations d’aide 25 euros de l’heure, au lieu de 17,5 ou 18,5 euros. Cependant, on attend toujours les répercussions de ce colloque dans des propositions de loi.