Le gouvernement a pris cet été des mesures pour lutter contre la baisse du pouvoir d’achat, nous allons voir si elles sont efficaces.
Tout d’abord, on a le chiffre officiel de l’inflation pour les 7 premiers mois de l’année, c’est 6,1%. Je ne dis pas que le chiffre est bon, je dis qu’il est officiel.
Rien ne dit que cette inflation ne va pas se poursuivre, d’autant plus que le gouvernement se refuse à bloquer les prix.
Pour ce qui est du SMIC , il a pris plus 2.01% au premier aout , soit 26 euros nets de différence .
En ce qui concerne la retraite du régime général, il y a eu 1,1% en janvier et il y aura 4% en septembre. Mais attention, rien n’est prévu pour la retraite complémentaire.
Ce qu’a fait le gouvernement, nous allons le voir en détail, c’est de se refuser à augmenter les salaires mais de prendre des mesures périphériques dont l’efficacité est d’une part contestable mais d’autre part orientée en plombant davantage notre système de protection sociale et en plombant aussi les rentrées fiscales dont notre fonction publique a besoin.
Le tout s’appelle : « Paquet pouvoir d’achat »
Tout d’abord, la prime Macron devient « prime de partage de la valeur » Son montant varie en fonction de l’ancienneté, de la classification, du niveau de rémunération.
L’une de ses caractéristiques est qu’il n’y a pas de cotisations sociales dessus. Elle va donc se substituer aux éventuelles augmentations de salaire et casser davantage le financement des retraites , de notre branche maladie etc…
Attention, il ne faut pas confondre le plafond d’exonération , annonçé à 3000 euros et ce que vous allez toucher réellement.
D’une part, elle existe déjà, donc vous ne la toucherez pas deux fois. Son montant moyen réel de versement est de 572 euros, soit 50 euros par mois.
Il faut bien comprendre aussi que cette prime est versée au bon vouloir des directions d’entreprise, soit en 2021 pour 3,4 millions de salariés seulement . Il y a 25 millions de salariés en France, un sur huit est donc concerné.
Pour les heures supplémentaires, et les heures complémentaires dans les entreprises entre 20 et 249 salariés, il y a une suppressions forfaitaire des cotisations sociales. Un moyen de plus de plomber notre protection sociale.
En ce qui concerne les indépendants ou les micro entrepreneurs qui gagnent le SMIC ou en dessous, c’est encore une baisse de cotisations sociales qui est prévue.
Si on regarde pour un indépendant qui est au niveau du SMIC, le gain annuel serait de 550 euros , soit l’équivalent de 3% d’inflation, alors que celle çi est déjà au double en juillet. Pour ce qui est de la moyenne réelle des revenus des indépendants, le gain annuel sera de 240 euros.
Des règles sont modifiées pour l’intéressement, donnant davantage de pouvoir à l’employeur.
Des règles sur la participation et les conditions de déblocage sont également modifiées. Dans tous les cas, on ne touche pas deux fois.
Des règles sur l’utilisation des titres restaurant sont modifiées mais pas la somme ! On pourra, pour ceux qui en ont, acheter des produits non directement consommables. Il y a a aussi une augmentation du seuil d’exonération fiscale. 4 millions de salariés sur 25 millions qui touchent des tickets restaurants.
Sur les salaires minimum conventionnels
Il y a une incitation à ajuster les salaires minimum conventionnels au niveau du SMIC. Cela concerne 112 conventions collectives. Mais attention, ce n’est qu’une invitation à négocier , sans aucune obligation pour l’ensemble de la grille des salaires !
Sur le plafonnement des loyers :
Encore de nouveaux tours de passe -passe :
-Une limitation de 3,5% de l’augmentation des loyers pour 2022 et le premier trimestre 2023, soit disant pour ne pas pénaliser les petits propriétaires. Or 50% du parc locatif privé est détenu par des gros propriétaires qui possèdent au moins 5 logements. Ils ne gèneront pas pour aller au plus 3,5%.
Pour ce qui concerne les APL, la revalorisation est de 4%, mais cela ne compense pas la hausse de 3,5% tout simplement parceque les volumes ne sont pas les mêmes, Exemple :
Pour un loyer actuel de 500 euros et des APL de 200 euros, le reste à charge est de 300 euros. Demain le loyer passe à 517, 5 euros et les APL à 312 euros . Donc la différence a augmenté de 5,5 euros.
Il y a un passage de la loi pour pouvoir résilier plus facilement certains abonnements de gaz, d’electricité ou d’assurances. Il n’est évidemment pas question de réhabiliter la notion de service public.
A propos du volet energie
Une série de mesures discutables, plutôt bons et plutôt mauvais tout en se refusant à s’appuyer sur un service public de l’energie
Par exemple :
-Réouverture temporaire des centrales à charbon.
-Entre le 31 mars et le premier novembre, soit en dehors de la période hivernale, possibilité de couper l’électricité pour non paiement des factures, mais avec un talon pour permettre de répondre à ses besoins fondamentaux.
Pour ceux qui sont concernés par la prise en charge des frais de carburant par l’employeur, exonération d’impot jusqu’à 400 euros par an.
Transformation des jours de RTT en monnaie.
C’est donc le salarié qui se paie un revenu supplémentaire par un sacrifice. Là encore il y a exonération de cotisations sociales.
Suppression de la redevance audiovisuelle
Ce qui laisse craindre pour la pérennité du service public de l’audiovisuel.
Prime exceptionnelle de rentrée pour ceux qui sont aux minimas sociaux, RSA, AAH, ASS (Allocation spécifique de solidarité), Allocation équivalent retraite, allocation de solidarité aux personnes âgées, bénéficiaires des aides au logement et étudiants boursiers. Elle est de 100 euros , majorée de 50 euros par enfant à charge.
Il y a beaucoup de mesures , mais pas grand-chose qui est un impact sur la durée, tout se fait au détriment de l’argent public et de la protection sociale.
Rien sur une augmentation générale des salaires et rien du tout qui touche les superprofits des grosses entreprises.
Résumé de la note confédérale par notre camarade P.Saunier